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BLOG DE EMCE
10 février 2013

CONSEILS PRATIQUES AUX FEMMES SENEGALAISES VICTIMES DE VIOL : LUTTE CONTRE LE VIOL AU SENEGAL

 

 

CONSEILS PRATIQUES AUX FEMMES SENEGALAISES VICTIMES DE VIOL : LUTTE CONTRE LE VIOL AU SENEGAL

 

Au Sénégal, il y a une recrudescence terrible et inquiétante des cas de viol. En attendant que les honorables députés veuillent bien voter une loi qui punit à des peines sévères les coupables (10 à 20 ans de prison ferme), il y a lieu de donner les conseils suivants à ces malheureuses personnes ayant subi cet acte horrible et ignoble.

S’il s’agit d’une femme en état de procréer et en activité génitale, il faut, dans les instants  qui suivent le viol, qu’elle prenne le NORLEVO (pilule du lendemain) pour ne pas tomber enceinte. Ce médicament est disponible dans toutes les pharmacies du Sénégal. Et ensuite aller aussitôt consulter dans un centre de santé quelconque (hôpital, dispensaire, maternité, etc.) pour bénéficier d’un examen gynécologique (par le médecin, le gynécologue ou la sage-femme) et d’un traitement anti-rétroviral à titre préventif (AZT, RETROVIR, COMBIVIR, NORVIR, etc.) dans un centre de santé spécialisé à cet effet.

L’examen gynécologique permet de déceler  et de décrire minutieusement, surtout si le viol est fait avec violence, les éventuelles lésions vulvaires, vaginales, péri-vulvaires, et même anales en cas de sodomie, et de les inscrire sur le certificat médical. Et aussi le professionnel de santé peut aller plus loin en recherchant d’autres lésions sur d’autres endroits du corps de la victime pour attester de la violence de l’acte ; ce qui prouve que ce n’est pas une relation sexuelle consentante. Par exemple, des contusions, des hématomes, des griffures, des œdèmes et même des fractures peuvent être vus. Si ces lésions ne sont pas visibles et patentes, il ne faut pas aussi s’y méprendre : le viol peut être fait par surprise. Cet acte de surprise crée chez la femme violée un effet psychologique sidérant, un choc qui paralyse et anéantit toute volonté de réaction. C’est lors de ces procès pour ce genre de viol que les avocats qui défendent les violeurs, de même que ces derniers, utilisent l’argument du consentement à cause de l’absence de réaction de la part de la victime. Et, c’est aussi, dans ces cas-là que certains juges peu chevronnés se laissent convaincre et piégés par l’argument du consentement de la victime.   

La prise d’anti-rétroviraux à titre préventif permet de diminuer le risque de contracter le virus du sida, en attendant de connaitre le statut sérologique du violeur, s’il est arrêté. Il faut débuter le traitement au plus tard dans les 72 heures qui suivent le viol et aussi tenir compte d’autres infections transmises par voie sexuelle. Le traitement anti-rétroviral à titre préventif est en principe pour 4 semaines et il faut faire la sérologie VIH à 6 semaines, à 3 mois et à 6 mois. La charge virale est habituellement positive, 10 à 14 jours après l’exposition. Cette conduite médicale sécuritaire est à tenir, que le violeur utilise ou non un préservatif lors de l’acte odieux. Car, il peut y avoir une rupture ou une petite déchirure très minime, peu visible à l’œil nu du préservatif. On ne sait jamais. Si le violeur est séro-négatif, on arrête le traitement. Mais juste avant la prise, de médicaments par la victime, presque concomitamment, il faut faire à celle-ci un prélèvement sanguin pour la sérologie VIH, pour voir si elle n’est pas elle-même infectée, antérieurement au viol subit. Dans ce cas le protocole thérapeutique ne sera plus le même, mais à titre « curatif » cette fois-ci. Le violeur ne pourra plus être passible d’une condamnation pour « contamination volontaire et consciente du virus du sida » mais seulement pour le viol.        

S’il s’agit d’une fille impubère et le plus souvent vierge, seuls l’examen gynécologique et la prise d’anti-rétroviraux à titre préventif seront nécessaires. Là, pas de prise de NORLEVO, bien entendu. C’est là où les lésions gynécologiques sont les plus nettes et les plus visibles (voir description plus haut). C’est le cas classique où le professionnel de santé (médecin, gynécologue ou sage-femme) mettra en exergue, lors de l’examen médical, la déchirure et le saignement de l’hymen, des douleurs au bas-ventre,  ainsi qu’une gêne à la marche de la victime qui sera remarquée (boiterie, jambes écartées, etc.).                                                                                                                                 

Ensuite dans les deux cas,  à la suite de tout ceci, porter plainte rapidement, muni du certificat médical.

Quoi qu’il en soit et quoi qu’il puisse être, il faut que la pratique des tests d’ADN soit répandue et être automatique en cas de présumé viol. Ces tests sont irréfutables pour prouver le viol. Tout matériel biologique appartenant au violeur et trouvé sur place ou sur la victime peut être utilisé, à savoir : du sperme, un cheveu, un poil du pubis, un lambeau de peau que la victime arrache au violeur en le griffant pour se défendre, des ongles, de la salive etc. Si le viol s’est fait avec un préservatif, la victime peut discrètement le récupérer, le mettre dans une enveloppe ou un sachet quelconque à des fins de tests d’ADN ultérieurs que demandera le juge ou le procureur lors de l’enquête. Le préservatif contiendra certainement du sperme et peut être taché de sang. Le sperme étant présumé être celui du violeur et le sang, de provenance hyméno-vaginale, étant supposé être celui de la victime.      

Les tests d’ADN faits sur le bébé ne prouvent en aucun cas qu’il y ait absence de viol de la part du présumé coupable. Dans ce cas-ci ces tests d’ADN prouvent ou blanchissent l’accusé de la paternité de l’enfant. Un point c’est tout ! Au moment du viol, la victime pouvait être déjà enceinte lors d’une relation sexuelle antérieure consentante.             

Etant donné le nombre élevé des cas de viol au Sénégal, il est maintenant urgent et nécessaire de créer des Centres de Diagnostic et de Traitement du Viol. (C.D.T.V). C'est-à-dire des structures de santé où officieront médecins, policiers, magistrats, et psychologues en étroite collaboration. 

Le médecin s’occupera des preuves médico-biologiques, j’en ai déjà longuement parlé précédemment.

Le policier s’occupera des indices constants, concordants et compromettants, à savoir : la description détaillée de l’endroit, de la forme du lit, de la couleur des draps, des tableaux accrochés au mur, si le viol  a eu lieu dans une chambre ; concernant la personne du violeur : la forme et la couleur de la culotte qu’il portait, s’il a une marque particulière sur son corps (cicatrices, tatouages, balafres, taches, etc.) ; des caractéristiques particulières de son sexe (circoncis ou pas, grain de beauté, anomalie de forme etc.) ; la marque du portable qu’il utilisait, s’il portait un bracelet au poignet ou une bague au doigt (la forme, le métal : or, argent, bronze, fer, etc.). Les traces de rouge à lèvres laissées par la victime, en se débattant, sur la chemise du violeur peuvent être comparées avec la marque de ce produit qu’utilise la victime.

Le magistrat (juge ou procureur) fera la synthèse de tous ces éléments pour lever tout doute, prendre une décision éclairée et juger en son intime conviction. Et notamment, de par la loi, il ordonnera au présumé violeur de subir des tests sanguins  pour savoir, par son ADN, si le matériel biologique trouvé sur place ou sur la victime lui appartient et aussi de révéler son statut sérologique (séropositif ou non) parce que la loi punit, indépendamment du viol, la contamination volontaire du virus du sida. 

Enfin le psychologue interviendra en dernier lieu pour prendre en charge la victime quant à son désespoir, son dégoût de la vie et sa peur des hommes, son manque de confiance en soi-même et aux autres, son manque d’estime de soi, son complexe de culpabilité, en vue de sa réinsertion sociale (psychologiquement parlant). Il y a deux symptômes qu’on retrouve presque toujours chez une femme violée : le manque de confiance et le complexe de culpabilité. Le manque de confiance, parce que des personnes « dignes de confiance » peuvent commettre des viols : parents, connaissances, amis de la famille, personnes ayant une ascendance psychologique et autoritaire sur la victime, maîtres coraniques, enseignants à domicile, médecins, policiers, etc. Le complexe de culpabilité, parce que la victime se dit : « ce qui m’arrive c’est ma faute, j’aurais dû ne pas m’aventurer dans ce lieu, ne pas répondre à l’appel d’un inconnu ou accepter son invitation.»

Je vais redire ici quatre choses fondamentales en matière de viol :

1°) Pas besoin d’être vierge ou pas pour subir un viol. La virginité n’a aucune importance ici. Même une prostituée du plus bas étage ne doit pas être violée. La loi est pour tout le monde, nul n’est au-dessus d’elle et nul n’est censé l’ignorer. L’intégrité physique de la personne humaine doit être respectée.

2°) L’hymen peut être souple chez certaines femmes et se refermer après le viol, sans lésions visibles, surtout si  la pénétration s’est faite sans traumatiser l’hymen.

3°) Il y a des femmes qui naissent sans hymen, même si c’est rare.

4°) Enfin, le viol peut aussi se faire par sodomie.

Alors dans ces quatre cas, comment confirmer le viol si ce n’est par le matériel biologique laissé par le violeur et qui servira à des tests d’ADN ? L’ADN est la signature biologique de l’individu.

Les avocats qui défendent les violeurs se concentrent surtout sur l’absence de lésions de l’hymen ou sur le fait que la femme violée n’est pas vierge pour essayer de faire innocenter les violeurs. Donc, « la preuve de l’hymen » n’est pas fiable et irréfutable. Seule la création de Centres de Diagnostic et de Traitement du Viol avec l’utilisation des tests ADN pourra freiner ou diminuer les cas de viol au Sénégal. Car peu de coupables échapperont à la justice et leur effet sera dissuasif.

                                                                                                                 

 

Ce texte a été rédigé le 5 Septembre 2011. Mon but est d’aider les femmes violées à mieux se défendre en justice et de suggérer la création de structures adéquates (Centres de Diagnostic et de Traitement du Viol) pour mieux lutter contre cette criminalité spécifique grandissante dans notre société.

               

 

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